ACTION, réaction ! Benoît Biteau, Stéphanie Muzard et les coquelicots : appel à la résistance !
Benoît, paysan agronome, ingénieur, élu, et moi-même artiste auteur, réalisatrice et paysanne, sommes signataires de l'appel à la résistance "Nous voulons des coquelicots" : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/nos-soutiens/.
Fabrice Nicolino : "L'industrie des pesticides est devenue progressivement criminelle" France culture
Ici vous pouvez télécharger l'appel : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/wp-content/uploads/2018/09/appela4.pdf
Télécharger les signatures manuelles de l'appel : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/wp-content/uploads/2018/09/feuille-signature2.pdf
ici vous pouvez signer sur internet cet appel : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
Ici vous pouvez agir et trouver tous les OUTILS pour semer des coquelicots PARTOUT autour de vous : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/les-outils/
Prochainement la transhumance de nos vaches : âmilitants solidaires de l'agriculture écocitoyenne et paysanne, pensez à arborer votre résistance ! Signataires de la pétition, soutiens, lecteurs, donateurs de la cagnotte, amis, famille : il est grand temps que soit visible notre résistance commune pour le bien commun ! MERCI de rejoindre cet appel et d'y participer avec vos moyens !
par exemple, télécharger/fabriquer sa cocarde : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/wp-content/uploads/2018/09/cocardes_flvm.jpg
Articles :
Pesticides : « Nous appelons à un véritable soulèvement populaire pacifique »
ENTRETIEN. Le journaliste Fabrice Nicolino, auteur de « Nous voulons des coquelicots », a lancé un appel pour l'interdiction des pesticides de synthèse.
Propos recueillis par Baudouin EschapasseLe Point : Cela fait vingt ans que vous alertez, par vos livres et vos articles, sur les dangers des pesticides. Pensez-vous que l'opinion a aujourd'hui pris la mesure de la menace ?
Fabrice Nicolino : La prise de conscience est évidente. Il faudrait être sourd pour ne pas entendre tous les sonneurs d'alerte qui nous mettent en garde contre les dangers de ces produits phytosanitaires. Les pesticides sont une tragédie pour la santé publique. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles psychomoteurs chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance. On ne parle pas de rhume des foins ici, mais de maladies gravissimes qui frappent des milliers d'agriculteurs mais aussi de consommateurs de fruits et légumes empoisonnés.
Pourquoi, selon vous, a-t-il fallu tant de temps pour que l'on ouvre les yeux sur cette réalité ?
Nous n'avons pas voulu la voir. Et pour une raison simple : au départ, lorsque ces produits chimiques sont apparus, ils constituaient une révolution formidable. Nous expliquons dans notre livre que le DDT, aujourd'hui interdit, a d'abord été utilisé pour lutter contre le typhus. Ce produit insecticide puissant a effectivement sauvé des vies en permettant d'éradiquer les puces qui véhiculaient cette pandémie, notamment dans les populations de survivants des camps. Quand il s'est agi d'utiliser les mêmes molécules en agriculture, on ne se doutait pas des dommages qu'elles causeraient. Il a fallu attendre 1962 et le travail de la biologiste américaine Rachel Carson pour prendre la mesure du problème.
Lire aussi Reeves - Les pesticides, cette panacée devenue poison
C'était il y a plus d'un demi-siècle !
Oui. Et pendant cinquante ans, les autorités scientifiques qui alertaient sur ces dangers n'ont pas été entendues. Pendant toute cette période, l'exposition aux pesticides a été sous-estimée. On a choisi la fuite en avant.
Pourquoi ?
Parce qu'un incroyable lobby était en face. Il faut imaginer un groupe constitué de personnes et d'entreprises qui, collectivement, ont tout à gagner à dissimuler cet énorme scandale. Ce lobby a réussi, pendant de longues années, à faire passer les médecins qui pointaient cette menace sanitaire pour des hurluberlus. C'étaient pourtant de grandes sommités scientifiques. Le préfacier de l'édition française en 1963 n'est autre que Roger Heim, membre de l'Académie des sciences !
Ce « lobby » dont vous parlez est-il si puissant que les politiques ne puissent pas le contrer ?
Un homme seul ne peut rien. Et la démission de Nicolas Hulot le montre bien. Ce lobby compte en son sein des géants industriels de la chimie et de l'agroalimentaire qui sont plus puissants que les ministres et les élus.
Lire aussi Nicolas Hulot, les lobbies et le macronisme
Vous n'attendez donc rien de l'actuel ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy ?
J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le mal que je pense de ce politicien carriériste qui a sacrifié les valeurs écologistes sur l'autel de ses ambitions.
Lire aussi François de Rugy, promu ou puni ?
Mais comment pouvez-vous affirmer que ce lobby est plus puissant que les politiques ?
Je ne vais prendre qu'un exemple. Lorsqu'Emmanuel Macron affirme que la France va sortir du glyphosate dans les trois ans, ce lobby organise une riposte incroyable : en contredisant publiquement le président. Suivra le calamiteux vote des députés du 29 mai (intervenu à deux heures du matin) où, par 63 voix contre 20, un amendement prévoyant d'inscrire, dans la loi, l'interdiction du glyphosate est rejeté par l'Assemblée nationale. La stratégie est ici la même que pour l'amiante ou le tabac. Les industriels tentent de gagner du temps. Quand le glyphosate sera enfin interdit, dix autres pesticides, développés entre-temps, prendront sa place.
C'est désespérant...
Et c'est pourquoi nous en appelons à un véritable soulèvement populaire pacifique. Face à ces entreprises qui se contrefichent de notre santé, seule a du poids la collectivité. L'appel que j'ai lancé vise à fédérer tous les humains qui se sentent concernés. Je sais que cela fait un peu solennel de s'adresser ainsi à ses « frères humains ». Mais notre initiative transcende les partis politiques ou les croyances religieuses. Le but est d'atteindre, en deux ans, la masse critique de 5 millions de personnes. Alors, nous pourrons enfin nous faire entendre. Et « casser » ce système.
Plus de 200 000 personnes ont déjà signé votre pétition. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Je sentais que les gens étaient mûrs. Les Français sont concernés par le sujet : 91 % d'entre eux consomment, au moins une fois dans l'année, du bio. C'est une véritable révolution qui s'opère dans nos assiettes. J'ai un ami qui a créé à Paris le premier supermarché bio, vers le canal de l'Ourcq. Il y a vingt ans, les banques ne voulaient pas lui prêter d'argent. Il a dû faire appel à ses amis pour réunir les 750 000 francs de l'époque pour lancer son affaire. Aujourd'hui, de tels commerces pullulent dans toutes les villes de France.
Qu'escomptez-vous faire dans les mois qui viennent pour amplifier le mouvement que vous avez lancé ?
Nous allons appeler les gens qui veulent que les choses changent à se réunir tous les premiers vendredis du mois devant les mairies à 18 h 30. Le 5 octobre, nous lancerons le mouvement dans 200 villes. Nous espérons bien faire boule de neige. Avec ces 200 000 signatures, réunies en quinze jours, nous avons réussi le lancement de la fusée, mais nous devons aller plus loin. Nous devons changer le système. Des industriels puissants ne doivent plus pouvoir dicter à nos gouvernants les règles du jeu.
Des politiques vous rejoignent-ils ?
À titre individuel, oui, mais notre mouvement est apolitique et ils le font à titre individuel.
Qui, parmi eux, a déjà signé votre appel ?
Je n'ai pas une liste exhaustive. Mais je sais que plusieurs anciens ministres de l'Environnement nous ont rejoints. Comme Philippe Martin, Delphine Batho ou encore Corinne Lepage. J'ajouterai que Marc Stenger, évêque de Troyes, est également signataire !
Vous avez été gravement blessé lors de l'attentat de Charlie Hebdo, où vous travaillez. Pensez-vous que le fait d'être un survivant vous pousse à vous investir dans ce mouvement dont la finalité est de préserver la vie sur notre planète ?
Je ne sais pas. J'ai beaucoup pesé pour que Charlie s'engage dans ce combat. Il me semblait important que ce journal s'engage. Je le pensais d'autant plus que je ne peux pas supporter l'idée qu'on le réduise à cette attaque terroriste de janvier 2015. Je ne peux admettre queCharlie se réduise à cette image mortifère. Notre appel est effectivement un appel en faveur de la vie. C'est une célébration de la beauté du monde. Si nous ne faisons rien, nos campagnes seront bientôt vidées de leurs oiseaux, abeilles et papillons.
C'est la raison pour laquelle vous avez pris comme emblème le coquelicot ?
Oui. C'est une fleur particulièrement belle : à la fois fragile (ses pétales tombent quand vous la saisissez) et très résistante. On dit que son pouvoir de germination est supérieur à cent ans. Certains disent même cinq cents ans !
C'est aussi le symbole d'une guerre. Les Britanniques l'arborent à leur boutonnière en souvenir des soldats tombés pendant la guerre 14-18. Est-ce parce que vous appelez au combat que cette fleur est devenue votre symbole ?
J'ai beau aller souvent en Angleterre, je n'avais pas cette image en tête quand j'ai choisi cet emblème. Mais de vous à moi, je suis tout à fait conscient que nous menons effectivement une guerre contre les pesticides.
« Nous voulons des coquelicots »
12 septembre 2018 / L’association Nous voulons des coquelicotsCe mercredi 12 septembre, un « groupe de bénévoles sans argent » lance un « immense » Appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides. Ses auteurs demandent personnellement aux « amis de Reporterre » de le relayer.
L’association Nous voulons des coquelicots est « un groupe de bénévoles sans argent, composé d’une quinzaine de personnes, parmi lesquelles une directrice de crèche (retraitée), des décorateurs, une étudiante, une céramiste, deux paysans, une enseignante, une psychanalyste, des membres d’ONG, deux journalistes ». Elle est présidée par Fabrice Nicolino.
Aux lectrices et aux lecteurs de Reporterre
L’heure n’est plus à compter les oiseaux, les abeilles, les papillons morts et les humains malades. Le constat a été fait tant de fois, au travers de centaines d’études scientifiques rigoureuses, que discuter encore n’a plus de sens. Il faut se lever. Notre pays est devenu méconnaissable à cause des pesticides. Toutes les politiques ont échoué. Pis : toutes les équipes politiques au pouvoir depuis l’après-guerre ont soutenu le crime et continuent de le faire. La démission de Nicolas Hulot a montré au passage le rôle délétère des lobbies, qui défendent perpétuellement des intérêts financiers au détriment du sort commun.
Nous lançons ce 12 septembre 2018 un immense Appel qui doit provoquer un soulèvement pacifique de la société française. Il pourrait durer deux ans et vise à mobiliser au moins cinq millions de soutiens. C’est ambitieux, mais l’objectif l’est, car il s’agit d’obtenir l’interdiction de tous les pesticides (de synthèse) en France. Amis, oui amis de Reporterre, vous devez être au premier rang de cette bagarre.
Chacun, oui chacun, doit trouver la manière sincère et intime de répandre cet Appel
Il faut donc relever la tête, unir toutes les forces disponibles, agir tout de suite. Le pari repose sur l’espoir que la société française reste vivante. Un pays libre garde le droit de refuser ce qu’il ne supporte plus et de l’imposer à ses dirigeants, quels qu’ils soient. N’oublions jamais qu’en vingt ans, des millions de consommateurs se sont détournés, au moins en partie, de l’alimentation farcie de pesticides. C’est sur eux que nous comptons.
Qui sommes-nous ? Un groupe de bénévoles sans argent, composé d’une quinzaine de personnes, parmi lesquelles une directrice de crèche (retraitée), des décorateurs, une étudiante, une céramiste, deux paysans, une enseignante, une psychanalyste, des membres d’ONG, deux journalistes. Nous avons créé dans l’urgence une association, Nous voulons des coquelicots, dont le président est Fabrice Nicolino.
- « L’Appel n’est jamais qu’un départ. Ce n’est pas une pétition, oubliée aussitôt que signée. Il oblige, et veut transformer des milliers de signataires en autant d’acteurs sociaux dont le but sera d’œuvrer à la victoire. »
La vaste campagne qui commence a besoin du soutien de tous, car tous, y compris les journalistes qui en parleront peut-être, sont concernés de la même manière. Chacun, oui chacun, doit trouver la manière sincère et intime de répandre cet Appel, de manière qu’il devienne viral et atteigne le moindre recoin de la société. Pour la raison, évidente pour nous, qu’il n’est pas une parole écologiste ou politique au sens étroit, mais bien un Appel d’humains à tous les autres humains. Pour nous, c’est l’heure, et elle ne repassera pas.
Cet Appel se décompose ainsi. D’abord et bien entendu, nous invitons toutes et tous à le signer à l’adresse internet : nousvoulonsdescoquelicots.org. Ce même 12 septembre paraît aux éditions Les Liens qui libèrent (LLL), un livre-manifeste signé par Fabrice Nicolino et François Veillerette, Nous voulons des coquelicots. La chanteuse Emily Loizeau prépare une chanson qui nous accompagnera pendant des mois.
À la manière d’un téléthon anti-pesticides
Loin d’être un point d’arrivée, l’Appel n’est jamais qu’un départ. Ce n’est pas une pétition, oubliée aussitôt que signée. Il oblige, et veut transformer des milliers de signataires en autant d’acteurs sociaux dont le but sera d’œuvrer à la victoire. Comment ? Nous faisons fabriquer un coquelicot en tissu de récupération dans un atelier de réinsertion, qui servira de cocarde, de bannière et de point de ralliement. Il est muni d’un système d’attache qui permettra de le porter à sa boutonnière et sera vendu, car il s’agit d’un acte de soutien à l’Appel, deux euros. Nous espérons que ce bel objet sera autant porté que la petite main de SOS Racisme il y a trente ans. Pendant toute la durée de l’Appel — deux ans, rappelons-le — et chaque mois, les signataires se retrouveront le même jour et à la même heure sur les places des villes et des villages des lieux où ils habitent. Et tout commence le vendredi 5 octobre à 18 h 30.
Pendant ces deux années, à la manière d’un téléthon anti-pesticides, nous souhaitons que des milliers d’événements de toutes tailles et de tous ordres aient lieu en France, pour défendre l’espoir d’un pays enfin débarrassé de ces terribles poisons. Nous donnerons plus tard la liste, déjà importante, des groupes, associations et personnalités qui soutiennent notre grand mouvement démocratique. Nous n’avons sollicité aucun politique, car c’est désormais la société qui parle.
NOUS VOULONS DES COQUELICOTS
APPEL À LA RÉSISTANCE POUR L’INTERDICTION DE TOUS LES PESTICIDES
Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises.
Les pesticides sont une tragédie pour la santé. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles psychomoteurs chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance. L’exposition aux pesticides est sous-estimée par un système devenu fou, qui a choisi la fuite en avant. Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Il y en a des milliers.
Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans ; la moitié des papillons en vingt ans ; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards ; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde !
Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection. Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides [1] en France. Assez de discours, des actes.